les tensions s’accumulent sur les financements climatiques à la COP29

En novembre 2024, la ville de Bakou a accueilli la 29ème Conférence des Parties (COP29) sous une atmosphère tendue. La question centrale de cette conférence a été le financement de la transition écologique pour les pays émergents et en développement. Si vous avez suivi l’évolution de ces négociations, vous savez que l’argent est souvent le nerf de la guerre, surtout lorsqu’il s’agit de sauver notre planète. Les débats se sont concentrés sur l’établissement d’un nouvel objectif collectif quantifié (NCQG), destiné à remplacer le précédent objectif de 100 milliards de dollars fixé lors de la COP21 à Paris.

Malheureusement, ce dernier n’a pas été atteint. La crise du Covid-19 et les réticences des pays occidentaux à apporter leur soutien aux nations en développement ont contribué à ce manquement.

Contexte des négociations

Pour bien comprendre les enjeux de la COP29, il faut revenir sur le contexte des négociations. Les pays en développement, regroupés sous la bannière du G77 et dirigés par la Chine, ont exprimé la nécessité de recevoir 1 300 milliards de dollars par an pour financer la transition écologique.

Les nations occidentales, de leur côté, ont jugé cette demande déraisonnable, proposant une aide annuelle de 250 milliards de dollars. Cette différence colossale a créé un fossé entre les deux parties, entraînant le report des discussions à une date ultérieure.

Les demandes des pays en développement

Les pays en développement ont de bonnes raisons de demander une telle somme. Les aides financières sont cruciales pour faire face à des défis environnementaux et climatiques toujours plus pressants. Leur requête ne se limite pas à une simple somme d’argent, mais reflète un besoin urgent de justice climatique.

L’histoire montre que les pays industrialisés sont responsables de la majeure partie des émissions de gaz à effet de serre actuelles. Il apparaît donc logique que ces derniers assument une part substantielle du coût de la transition.

Les volets de financement

Les besoins financiers des pays en développement, face au changement climatique, se divisent en trois volets principaux :

  1. Stimuler les investissements : mobiliser des fonds publics est indispensable pour encourager le secteur privé à s’engager dans les énergies renouvelables. Des investissements conséquents sont nécessaires pour rendre ces technologies plus accessibles à tous.
  2. Compensations pour la fermeture des centrales à charbon : les aides sont nécessaires non seulement pour fermer les centrales à charbon, mais aussi pour préserver les forêts tropicales, qui jouent un rôle vital dans la capture du carbone.
  3. Adaptation au réchauffement climatique : il est indispensable d’investir pour faire face à des enjeux tels que l’élévation du niveau de la mer et les événements climatiques extrêmes.

Selon la Commission pour la transition énergétique (ETC), il est impératif de tripler les investissements annuels pour atteindre 900 milliards de dollars, permettant ainsi de limiter l’augmentation de la température mondiale à 2°C.

panneau COP29

Les stratégies d’investissement

Les négociateurs de la COP29 ont mis en avant des stratégies pour favoriser les investissements. Des dispositifs de garantie doivent être mis en place afin de protéger les prêteurs et les investisseurs contre d’éventuelles pertes. La Banque mondiale a annoncé des initiatives visant à doubler les garanties de prêts d’ici 2030, avec un objectif de 20 milliards de dollars.

Aides bilatérales et défis associés

Pour soutenir cette transition énergétique, les pays occidentaux sont encouragés à fournir des aides directes. L’ETC a évalué ce besoin à 300 milliards de dollars d’ici 2030. Cependant, la répartition de ces aides reste un casse-tête. Les accords bilatéraux risquent de compliquer le suivi des engagements globaux et de favoriser certains pays au détriment d’autres, créant ainsi des tensions additionnelles.

Le rôle de la Banque mondiale

Malgré les critiques de sa bureaucratie, la Banque mondiale est perçue par certains pays en développement comme une option pragmatique pour la distribution des aides. Ajay Banga, président de l’institution, a présenté une stratégie visant à augmenter les fonds disponibles. Toutefois, un rééquilibrage des pouvoirs au sein de la Banque mondiale est indispensable, notamment en obtenant le soutien de la Chine. Cependant, les États-Unis ne sont pas prêts à accorder ce rééquilibrage, ce qui crée une impasse.

Critiques sur les engagements financiers

Des organisations non gouvernementales ainsi que des représentants de pays en développement expriment leur inquiétude face à l’insuffisance des ressources financières disponibles pour soutenir les initiatives climatiques. Elles dénoncent également le non-respect des promesses faites par les pays riches, qui tardent à libérer les milliards de dollars nécessaires pour aider les nations les plus vulnérables à s’adapter aux effets du changement climatique.

Les attentes des pays en développement

Les pays en développement réclament une augmentation significative des financements, en particulier pour des projets d’adaptation et de résilience face aux catastrophes climatiques. Ils insistent sur le fait que, sans un soutien financier adéquat, leurs efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et protéger leurs populations deviendront extrêmement difficiles, voire impossibles.

COP29 à Baku

Appels à l’action

Des appels pour des actions concrètes et immédiates se multiplient. Les participants à la COP29 sont incités à dépasser les simples promesses et à établir des mécanismes clairs pour assurer la disponibilité des financements nécessaires. Par ailleurs, les discussions sur la transparence et la responsabilité concernant l’allocation des fonds seront essentielles pour apaiser les tensions et restaurer la confiance entre les nations.

Vers une issue favorable ?

La COP29 représente une opportunité cruciale pour redéfinir les engagements financiers liés au climat. La pression exercée par les pays en développement et les organisations de la société civile pourrait influencer de manière significative les résultats des négociations, et déterminer si des avancées notables seront réalisées sur la question essentielle des financements climatiques. L’atteinte des objectifs climatiques repose sur l’engagement des pays émergents et en développement, qui est conditionné par ce qu’ils perçoivent comme une responsabilité historique des pays occidentaux.

Un avenir incertain mais pas impossible

En conclusion, la COP29 a mis en lumière les défis immenses liés au financement de la transition écologique. La question cruciale du financement, si elle n’est pas abordée de manière adéquate, risque de compromettre les efforts mondiaux pour limiter le réchauffement climatique. Il est impératif que les discussions aboutissent à un soutien financier qui soit à la fois substantiel et équitable. Les négociateurs doivent désormais faire preuve de créativité et de bonne volonté pour surmonter ces tensions et parvenir à un accord qui profitera à tous, dans l’intérêt de notre planète et des générations futures.